Toutes les réunions avec la direction Bosch se focalisent sur le même point : La situation économique générale. Que ce soit en comité européen à Stuttgart, aux orientations stratégiques Bosch France, au Comité de Groupe :
Le marché européen est marqué par des incertitudes économiques, géopolitiques. La transition vers l’électrique est plus lente que prévu, avec un regain temporaire de l’hybride. Les constructeurs multiplient les stratégies multi-énergies et la pression des fournisseurs chinois s’accentue fortement. Les volumes de production stagnent ou chutent en Europe selon les segments.
Résultats financiers : Chute du chiffre d’affaires / EBIT très négatif, notamment dû à une baisse des volumes, des coûts non compensés et des effets exceptionnels. L’entreprise doit mettre en place des mesures d’économies immédiates pour maintenir sa compétitivité. Des objectifs d’acquisition ambitieux sont fixés, mais une partie des projets clients reste incertaine.
Plans industriels et prévisions d’emploi
Un excédent significatif de personnel est identifié dans presque tous les sites européens EM et PS. Les raisons principales :
Baisse durable des volumes thermiques ; Pression sur les coûts et pertes de projets ; Productivités futures plus élevées entraînant moins de besoins en personnel.
Exemples cités :
De nombreux sites PS en Europe prévoient également des baisses d’effectifs importantes allant parfois jusqu’à l’arrêt total d’activités.
Compétitivité et mesures prévues
L’entreprise identifie plusieurs leviers majeurs : Réduction des coûts personnels, des coûts logistiques, de maintenance et des charges indirectes. Optimisation des prix et renforcement des négociations fournisseur ; Amélioration de la Productivité.
Recherche d’une compétitivité comparable aux meilleurs acteurs mondiaux.
Impact social : Des plans d’ajustement d’effectifs sont planifiés sur la majorité des sites allemands. L’entreprise vise des solutions « socialement responsables », mais des milliers de suppressions de postes sont prévues d’ici 2030.

Le diagnostic est très alarmant :
- Baisse durable des activités thermiques.
- Pression concurrentielle inédite.
- Nécessité de transformations profondes : réduction des coûts, amélioration de la productivité, stratégie commerciale.
- Réorganisations majeures sur le plan industriel et humain pour assurer la survie et la compétitivité des activités EM/PS en Europe.
En France, cela se traduit déjà par une succession de PSE comme celui de la fermeture du centre d’essais du site de Saint-Ouen, la fermeture complète du site de Mondeville et le PSE du site de Rodez en cours de négociations !
Communication syndicale – Réunion extraordinaire EM/PS du 18 novembre 2025 :
La présentation faite lors de la réunion extraordinaire confirme une chose : la direction prépare une restructuration d’ampleur sans précédent, fondée principalement sur des réductions massives d’effectifs et une pression accrue sur les coûts, tout en demeurant silencieuse sur l’impact humain réel.

Une situation économique dégradée… dont les salariés ne sont pas responsables
Le marché reste instable et la transition vers l’électrique progresse moins vite que prévu. Pourtant, au lieu de sécuriser l’emploi et de soutenir les équipes, la direction choisit une nouvelle fois la voie la plus simple : faire porter l’essentiel des efforts sur les salariés.
Les chiffres présentés montrent : une forte baisse des ventes en Europe, un EBIT en chute principalement en raison de choix stratégiques discutables, une dépendance accrue à des projets clients encore non sécurisés.
Des suppressions d’emplois massives annoncées
Tous les sites EM et PS sont concernés, parfois dans des proportions alarmantes : Jusqu’à –40 % d’effectifs annoncés sur certains sites ! Certains sont directement menacés d’arrêt d’activité ; Des baisses d’effectifs drastiques d’ici 2030 sur de nombreux périmètres.
La direction parle d’ajustements » – ne nous y trompons pas : C’est bien une réorganisation majeure qui vise à réduire l’emploi industriel en Allemagne et en Europe.
Un silence préoccupant sur les conséquences humaines
Alors que les indicateurs sociaux se dégradent déjà (hausse des sollicitations médicales, climat social fragilisé), la direction RBFR comme la Division restent étonnamment silencieuses sur les risques psychosociaux, l’impact sur la charge de travail, la pérennité des équipes déjà sous tension.
Ce manque de transparence n’est pas acceptable.
Un plan fondé presque uniquement sur la réduction des coûts
La direction insiste sur une réduction massive des coûts du personnel, la restructuration de sites, la compression des budgets, la productivité toujours plus élevée, l’externalisation et flexibilisation accrue.
Mais les questions essentielles restent sans réponse : Quelles garanties pour l’emploi ? Quels engagements sur les investissements industriels en Europe ? Quelle stratégie industrielle viable à long terme ?
Notre position syndicale CFDT :
Nous dénonçons une stratégie de court terme mettant en danger des milliers d’emplois, un transfert de responsabilité sur les salariés alors que les choix stratégiques viennent de la direction, une absence de vision claire pour l’avenir, un dialogue social réduit au strict minimum.
Nous exigeons :
La transparence totale sur les hypothèses utilisées dans la planification ; L’exploration de solutions alternatives : formations, mobilités internes, investissements, diversification ; Des garanties écrites sur la pérennité des sites et des métiers.
➔ Une véritable prise en compte de la santé et de la charge de travail.
Un moratoire sur les annonces de suppressions jusqu’à ce que l’ensemble des mesures soit discuté.
Ensemble, nous pouvons peser
Les semaines à venir seront décisives. Nous appelons toutes et tous à rester mobilisés, à participer aux échanges, et à nous faire remonter vos préoccupations avec vos élus.
Aucune décision ne doit se prendre sans les salariés. Aucun site ne doit être fragilisé sans justification solide. Aucun emploi ne doit disparaître sans un véritable plan socialement responsable.
Voici la déclaration de M. Errachidi Choukri, secrétaire du CSE-C Bosch France de novembre 2025 :
Mesdames et Messieurs,
Je prends la parole aujourd’hui avec beaucoup d’émotion pour vous parler d’un changement majeur dans notre paysage économique : l’essor de l’industrialisation dans les pays à bas coûts, en parallèle avec la transition vers des énergies plus propres, particulièrement dans le secteur automobile. Permettez-moi de souligner l’avantage historique de la force du groupe Bosch dans ce contexte.
Alors que certains pourraient envisager de centraliser nos activités ailleurs que la maison mère, cela pourrait être une erreur stratégique. Historiquement, la diversité présente dans des pays à haut coût a été un catalyseur d’idées novatrices, permettant à notre entreprise de se démarquer, de rester compétitive et d’acquérir une renommée mondiale. L’histoire a démontré que la diversité des idées provenant de différents sites au sein d’un groupe international favorise l’innovation et la créativité.
Miser sur un modèle qui centralise toutes les idées dans des pays asiatiques, représente un risque significatif. Ce risque réside dans la perte de cette richesse d’expérience et d’innovation qui émerge lorsque des esprits provenant de divers horizons collaborent.
En parlant de ces défis, nous ne devons pas perdre de vue la nécessité de garantir la profitabilité de notre entreprise. La compétitivité économique reste un pilier essentiel pour assurer la pérennité de nos industries. Ainsi, investir dans des technologies vertes et soutenir la transition énergétique doit également être un moyen de renforcer notre position sur le marché mondial et de générer des profits durables.
Aujourd’hui, force est de constater que la diversité culturelle et internationale mise en oeuvre par le groupe Bosch est avant tout motivée par une volonté de faire travailler une main d’oeuvre moins chère : pour plus de profitabilité
Dans le même temps, en Europe de l’Ouest, vous démantelez progressivement tous les sites. Les salariés sont d’abord abandonnés à eux-mêmes, sommés de trouver et développer par leur propres moyens une activité viable. Puis, bien souvent, cela se termine par une fermeture ou une revente de leur site. Vous avez la responsabilité sociétale envers vos salariés dont vous faites partie.
La partie ingénierie sera toujours notre point fort la perdre représente le sacrifice de notre identité.
Ces salariés, allemands, français, espagnols, italiens et les autres ont investis parfois toute M.leur vie professionnelle chez Bosch. Ils se sont formés aux méthodes du groupe Bosch, dans de nombreux cas ont appris la langue allemande ou anglaise pour mieux échanger avec leurs collègues. Ils ont embrassé cette diversité culturelle, ont adopté ces méthodes de travail qui garantissent la qualité des produits Bosch, sont restés flexibles pour répondre aux besoins des clients et décrocher de nouveaux contrats. Ils ont diffusé cette image et ces valeurs dans leur entourage, fiers de contribuer au succès d’une entreprise qui promeut « des technologies pour conserver la vie ». Vous avez une responsabilité sociétale envers vos salariés.
Aujourd’hui le site de Vénissieux par exemple et comme chacun des sites présents n’ont plus d’options on a le ressenti d’être une voiture ou les équipements air bag ont été désactivés (plus de sécurité de l’emploi), ESP désactivé (on ne sait plus dans quelle direction va-t-on ? et même la ceinture de sécurité est défaillante (on ne nous donne pas les moyens de la réparer).
Messieurs dames présents on accélère tout droit vers un drame si tous ces éléments sont désactivés.
En comparaison avec la déclaration de l’an dernier du 18/06/2024,
Mesdames, Messieurs, Chers Collègues,
Lors de ma dernière intervention en novembre 2023 devant cette même assemblée, j’intervenais pour valoriser le savoir-faire du centre d’essais PS/ETW-Fr de Saint-Ouen. De retours en France, trois jours plus tard, la division PS nous a convoqué pour nous annoncer sa fermeture au 30 juin 2024, mettant un terme brutal à la carrière des salariés de ce département.
Nous étions sur le point de fêter les 60 ans d’existence du centre d’essai de développement des moteurs thermiques à proximité de nos principaux constructeurs automobiles Français.
La transition énergétique des métiers nous avait semblée réussie avec l’obtention du projet Hymot grâce au soutien de l’état Français par l’intermédiaire de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie. Le succès de cette transition s’est concrétisé par la mise en service le 21 septembre 2023 du premier Banc Moteur Hydrogène de France pour Bosch !
Ce fut pour nous une courte victoire qui malheureusement est passée inaperçue dans le groupe Bosch ainsi que dans la presse spécialisée ! Ce succès n’a pas été célébré comme il se devait ! Maintenant que la cessation est imminente, nous avons enfin compris votre absence de sincérité sur la poursuite de l’activité du moteur à Hydrogène car vous aviez déjà planifié la fermeture du centre d’essais.
La place de BOSCH est de rester présent au coeur de la transition énergétique ou les salariés du centre d’essais de Saint Ouen avaient toute leur place ! La municipalité de Saint-Ouen avait exprimé à de nombreuses reprises sa fierté d’accueillir depuis 1928 le siège de Bosch France sur ses terres. Avec une certaine longueur d’avance, la commune a déjà engagé la transition énergétique de la mobilité durable en accueillant en 2024 le pionnier renommé dans le domaine de la mobilité électrique : le siège social de Tesla France.
En 2017, la volonté du Groupe exprimée par son représentant France Benelux Heiko CARRIE :
« La construction du Campus s’inscrit dans notre stratégie, qui vise à développer les activités du groupe dans l’Hexagone en poursuivant sur la voie de l’excellence industrielle et de l’innovation ».
Nous avions la conviction de tracer une nouvelle voie en France avec l’arrivée de la motorisation Hydrogène et les retombées positives que cela impliquerait. Cette vitrine industrielle était alors parée pour le futur.
Malheureusement, cette histoire va prendre fin car vous avez décidé d’y mettre un terme. Dans deux semaines, l’activité cessera malgré l’acquisition continue des projets automobiles Français comme Renault / Horse. Ces projets nous garantissaient notre activité.
Quelle triste nouvelle ! Quel gâchis monstrueux !
Auprès autant d’investissement humain et financiers, nous ne comprenons pas pourquoi vous avez décidé de mettre fin à notre histoire commune !
Bosch a profité de l’événement CES 2024 à Las Vegas pour annoncer l’arrivée de son moteur à hydrogène. Pourquoi alors supprimer le premier banc moteur hydrogène de Bosch Paris ?
Les responsables de notre Division et de Robert BOSCH France se sont résignés depuis de nombreux mois à l’idée de fermer le centre d’essai de Saint-Ouen sans autre alternative que de pouvoir reclasser ou le cas échéant licencier les salariés.
En 6 mois, Nos appel de détresses n’ont pas été entendus.
Souvenons-nous de l’allocution de Kerstin Mai en 2023 : « La coopération doit être empreinte de franchise et de confiance réciproque et viser le bien des travailleurs et celui du groupe Bosch. »
Je constate finalement que notre coopération vise uniquement le bien du groupe Bosch au détriment de ses salariés que vous avez sacrifié.
Merci à tous pour votre attention.

Et pour terminer, voici la déclaration CFDT Bosch France au comité de groupe de novembre 2025 :
Je m’adresse à vous aujourd’hui pour évoquer une transformation majeure de notre paysage industriel : l’évolution rapide de la production dans les pays à bas coûts, parallèlement à la transition indispensable vers des énergies plus propres, notamment dans le secteur automobile. Dans ce contexte, il est important de rappeler la force historique du groupe Bosch, un groupe qui a bâti sa réussite sur l’innovation, la qualité et la diversité de ses sites, dont les sites français ont toujours été un maillon essentiel.
Certains pourraient être tentés de recentrer nos activités loin de nos implantations européennes. Ce serait, selon la CFDT, une erreur stratégique. Car c’est précisément la pluralité des cultures, des expertises et des visions notamment dans nos sites à coûts élevés qui a permis au groupe Bosch de rester pionnier. L’histoire de notre groupe démontre que la diversité des idées, nourrie par des sites aux identités fortes, est un moteur indispensable de créativité et d’innovation.
À l’inverse, parier sur un modèle où l’essentiel des développements se retrouve concentré dans quelques régions du monde, notamment en Asie, fait peser un risque majeur : celui de perdre la richesse d’expérience, de méthode et de savoir-faire qui fait l’ADN de Bosch.
La centralisation appauvrit. La diversité, elle, enrichit. Nos directeurs ou plutôt nos financiers se rendent-ils compte de cela ?
Cela dit, nous ne devons pas ignorer les impératifs économiques. Oui, la profitabilité est essentielle pour assurer la pérennité de nos activités. Mais cela ne peut se faire au prix d’un affaiblissement de nos sites historiques ni au détriment des femmes et des hommes qui les font vivre et cela devient une règle dans notre groupe.
Or, aujourd’hui, force est de constater que la diversité internationale mise en avant par le groupe est trop souvent guidée par un objectif de réduction des coûts plutôt que par une réelle ambition de collaboration mondiale. En parallèle, en Europe de l’Ouest et particulièrement en France, nous observons un démantèlement progressif des sites la preuve est le nombre de PSE engagés lors des 10 dernières années.
Les équipes se retrouvent seules, chargées de « se réinventer » sans réel soutien, avant qu’une fermeture ou une revente ne finisse trop souvent par sceller leur sort. Cela ne reflète ni nos valeurs, ni notre responsabilité sociétale une responsabilité que vous portez tout autant que nous.

Prenons le cas du site de Vénissieux, emblématique de la situation des sites français à plus petite échelle aujourd’hui et où l’expérience de cette stratégie mortifère qui de jours en jours détruit nos emplois.
Aujourd’hui, les salariés ont le sentiment d’être à bord d’un véhicule dont on aurait débranché les systèmes de sécurité :
- La sécurité de l’emploi semble désactivée.
- La direction stratégique ne répond plus : on ne sait plus où nous allons.
Le rapport du cabinet Syndex démontre que sans validation de l’Allemagne pour un projet qui occuperai les salariés, le site de Vénissieux RBFR mourra par une asphyxie programmée par nos décideurs. Pourtant de nos jours le site de Vénissieux est devenu la boite d’intérim de certaines divisions pour qui mes collègues s’investissent chaque jour pour sauver le collectif.
Et dans ces conditions, il est difficile de ne pas penser que nous roulons droit vers un accident annoncé. Pas par manque de compétence, pas par manque d’engagement mais parce que les dispositifs essentiels à notre survie collective semblent avoir été retirés pour satisfaire une vision financière qui dans le temps arrivera à ses limites car la réduction des effectifs pour répondre à cette variable d’ajustement ne tiendra pas dans le temps.
Les salariés français, qu’ils soient de Vénissieux, Rodez, Drancy, Mondeville, Moulins Grand St Ouen ou ailleurs dans toutes les entités ont pourtant tout donné pour ce groupe.
Nous vous demandons aujourd’hui de ne pas laisser ces valeurs s’effacer.
Nous vous demandons de préserver l’ingénierie, les compétences et l’identité des sites français. Car perdre cela, ce serait sacrifier une part essentielle de ce qu’est Bosch.
Et je terminerai sur une citation d’un jeune futur retraité du groupe :

Le salarié n’est pas un coût, c’est un atout !

Cette phrase peut sembler simple, mais elle résume une réalité fondamentale que le groupe Bosch finit parfois par oublier. Derrière chaque innovation, chaque progrès technologique, chaque gain de qualité ou de productivité, il y a des femmes et des hommes que nous sommes qui font vivre nos sites au quotidien et dont vous faites partie.














































