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Un jour sans fin

Toutes les réunions avec la direction Bosch se focalisent sur le même point : La situation économique générale. Que ce soit en comité européen à Stuttgart, aux orientations stratégiques Bosch France, au Comité de Groupe :

Le marché européen est marqué par des incertitudes économiques, géopolitiques. La transition vers l’électrique est plus lente que prévu, avec un regain temporaire de l’hybride. Les constructeurs multiplient les stratégies multi-énergies et la pression des fournisseurs chinois s’accentue fortement. Les volumes de production stagnent ou chutent en Europe selon les segments.

Résultats financiers : Chute du chiffre d’affaires / EBIT très négatif, notamment dû à une baisse des volumes, des coûts non compensés et des effets exceptionnels. L’entreprise doit mettre en place des mesures d’économies immédiates pour maintenir sa compétitivité. Des objectifs d’acquisition ambitieux sont fixés, mais une partie des projets clients reste incertaine.

Plans industriels et prévisions d’emploi

Un excédent significatif de personnel est identifié dans presque tous les sites européens EM et PS. Les raisons principales :
Baisse durable des volumes thermiques ; Pression sur les coûts et pertes de projets ; Productivités futures plus élevées entraînant moins de besoins en personnel.

Exemples cités :

De nombreux sites PS en Europe prévoient également des baisses d’effectifs importantes allant parfois jusqu’à l’arrêt total d’activités.

Compétitivité et mesures prévues

L’entreprise identifie plusieurs leviers majeurs : Réduction des coûts personnels, des coûts logistiques, de maintenance et des charges indirectes. Optimisation des prix et renforcement des négociations fournisseur ; Amélioration de la Productivité.
Recherche d’une compétitivité comparable aux meilleurs acteurs mondiaux.

Impact social : Des plans d’ajustement d’effectifs sont planifiés sur la majorité des sites allemands. L’entreprise vise des solutions « socialement responsables », mais des milliers de suppressions de postes sont prévues d’ici 2030.

 

Le diagnostic est très alarmant :

  • Baisse durable des activités thermiques.
  • Pression concurrentielle inédite.
  • Nécessité de transformations profondes : réduction des coûts, amélioration de la productivité, stratégie commerciale.
  • Réorganisations majeures sur le plan industriel et humain pour assurer la survie et la compétitivité des activités EM/PS en Europe.

En France, cela se traduit déjà par une succession de PSE comme celui de la fermeture du centre d’essais du site de Saint-Ouen, la fermeture complète du site de Mondeville et le PSE du site de Rodez en cours de négociations !

Communication syndicale – Réunion extraordinaire EM/PS du 18 novembre 2025 :

La présentation faite lors de la réunion extraordinaire confirme une chose : la direction prépare une restructuration d’ampleur sans précédent, fondée principalement sur des réductions massives d’effectifs et une pression accrue sur les coûts, tout en demeurant silencieuse sur l’impact humain réel.

Une situation économique dégradée… dont les salariés ne sont pas responsables

Le marché reste instable et la transition vers l’électrique progresse moins vite que prévu. Pourtant, au lieu de sécuriser l’emploi et de soutenir les équipes, la direction choisit une nouvelle fois la voie la plus simple : faire porter l’essentiel des efforts sur les salariés.

Les chiffres présentés montrent : une forte baisse des ventes en Europe, un EBIT en chute principalement en raison de choix stratégiques discutables, une dépendance accrue à des projets clients encore non sécurisés.
Des suppressions d’emplois massives annoncées

Tous les sites EM et PS sont concernés, parfois dans des proportions alarmantes : Jusqu’à –40 % d’effectifs annoncés sur certains sites ! Certains sont directement menacés d’arrêt d’activité ; Des baisses d’effectifs drastiques d’ici 2030 sur de nombreux périmètres.
La direction parle d’ajustements » – ne nous y trompons pas : C’est bien une réorganisation majeure qui vise à réduire l’emploi industriel en Allemagne et en Europe.

Un silence préoccupant sur les conséquences humaines

Alors que les indicateurs sociaux se dégradent déjà (hausse des sollicitations médicales, climat social fragilisé), la direction RBFR comme la Division restent étonnamment silencieuses sur les risques psychosociaux, l’impact sur la charge de travail, la pérennité des équipes déjà sous tension.
Ce manque de transparence n’est pas acceptable.

Un plan fondé presque uniquement sur la réduction des coûts

La direction insiste sur une réduction massive des coûts du personnel, la restructuration de sites, la compression des budgets, la productivité toujours plus élevée, l’externalisation et flexibilisation accrue.
Mais les questions essentielles restent sans réponse : Quelles garanties pour l’emploi ? Quels engagements sur les investissements industriels en Europe ? Quelle stratégie industrielle viable à long terme ?

Notre position syndicale CFDT :

Nous dénonçons une stratégie de court terme mettant en danger des milliers d’emplois, un transfert de responsabilité sur les salariés alors que les choix stratégiques viennent de la direction, une absence de vision claire pour l’avenir, un dialogue social réduit au strict minimum.
Nous exigeons :
La transparence totale sur les hypothèses utilisées dans la planification ; L’exploration de solutions alternatives : formations, mobilités internes, investissements, diversification ; Des garanties écrites sur la pérennité des sites et des métiers.

➔ Une véritable prise en compte de la santé et de la charge de travail.

Un moratoire sur les annonces de suppressions jusqu’à ce que l’ensemble des mesures soit discuté.

Ensemble, nous pouvons peser
Les semaines à venir seront décisives. Nous appelons toutes et tous à rester mobilisés, à participer aux échanges, et à nous faire remonter vos préoccupations avec vos élus.

Aucune décision ne doit se prendre sans les salariés. Aucun site ne doit être fragilisé sans justification solide. Aucun emploi ne doit disparaître sans un véritable plan socialement responsable.

Voici la déclaration de M. Errachidi Choukri, secrétaire du CSE-C Bosch France de novembre 2025 :

Mesdames et Messieurs,

Je prends la parole aujourd’hui avec beaucoup d’émotion pour vous parler d’un changement majeur dans notre paysage économique : l’essor de l’industrialisation dans les pays à bas coûts, en parallèle avec la transition vers des énergies plus propres, particulièrement dans le secteur automobile. Permettez-moi de souligner l’avantage historique de la force du groupe Bosch dans ce contexte.
Alors que certains pourraient envisager de centraliser nos activités ailleurs que la maison mère, cela pourrait être une erreur stratégique. Historiquement, la diversité présente dans des pays à haut coût a été un catalyseur d’idées novatrices, permettant à notre entreprise de se démarquer, de rester compétitive et d’acquérir une renommée mondiale. L’histoire a démontré que la diversité des idées provenant de différents sites au sein d’un groupe international favorise l’innovation et la créativité.

Miser sur un modèle qui centralise toutes les idées dans des pays asiatiques, représente un risque significatif. Ce risque réside dans la perte de cette richesse d’expérience et d’innovation qui émerge lorsque des esprits provenant de divers horizons collaborent.
En parlant de ces défis, nous ne devons pas perdre de vue la nécessité de garantir la profitabilité de notre entreprise. La compétitivité économique reste un pilier essentiel pour assurer la pérennité de nos industries. Ainsi, investir dans des technologies vertes et soutenir la transition énergétique doit également être un moyen de renforcer notre position sur le marché mondial et de générer des profits durables.

Aujourd’hui, force est de constater que la diversité culturelle et internationale mise en oeuvre par le groupe Bosch est avant tout motivée par une volonté de faire travailler une main d’oeuvre moins chère : pour plus de profitabilité

Dans le même temps, en Europe de l’Ouest, vous démantelez progressivement tous les sites. Les salariés sont d’abord abandonnés à eux-mêmes, sommés de trouver et développer par leur propres moyens une activité viable. Puis, bien souvent, cela se termine par une fermeture ou une revente de leur site. Vous avez la responsabilité sociétale envers vos salariés dont vous faites partie.
La partie ingénierie sera toujours notre point fort la perdre représente le sacrifice de notre identité.

Ces salariés, allemands, français, espagnols, italiens et les autres ont investis parfois toute M.leur vie professionnelle chez Bosch. Ils se sont formés aux méthodes du groupe Bosch, dans de nombreux cas ont appris la langue allemande ou anglaise pour mieux échanger avec leurs collègues. Ils ont embrassé cette diversité culturelle, ont adopté ces méthodes de travail qui garantissent la qualité des produits Bosch, sont restés flexibles pour répondre aux besoins des clients et décrocher de nouveaux contrats. Ils ont diffusé cette image et ces valeurs dans leur entourage, fiers de contribuer au succès d’une entreprise qui promeut « des technologies pour conserver la vie ». Vous avez une responsabilité sociétale envers vos salariés.
Aujourd’hui le site de Vénissieux par exemple et comme chacun des sites présents n’ont plus d’options on a le ressenti d’être une voiture ou les équipements air bag ont été désactivés (plus de sécurité de l’emploi), ESP désactivé (on ne sait plus dans quelle direction va-t-on ? et même la ceinture de sécurité est défaillante (on ne nous donne pas les moyens de la réparer).

Messieurs dames présents on accélère tout droit vers un drame si tous ces éléments sont désactivés.

 

En comparaison avec la déclaration de l’an dernier du 18/06/2024,

Mesdames, Messieurs, Chers Collègues,

Lors de ma dernière intervention en novembre 2023 devant cette même assemblée, j’intervenais pour valoriser le savoir-faire du centre d’essais PS/ETW-Fr de Saint-Ouen. De retours en France, trois jours plus tard, la division PS nous a convoqué pour nous annoncer sa fermeture au 30 juin 2024, mettant un terme brutal à la carrière des salariés de ce département.
Nous étions sur le point de fêter les 60 ans d’existence du centre d’essai de développement des moteurs thermiques à proximité de nos principaux constructeurs automobiles Français.
La transition énergétique des métiers nous avait semblée réussie avec l’obtention du projet Hymot grâce au soutien de l’état Français par l’intermédiaire de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie. Le succès de cette transition s’est concrétisé par la mise en service le 21 septembre 2023 du premier Banc Moteur Hydrogène de France pour Bosch !
Ce fut pour nous une courte victoire qui malheureusement est passée inaperçue dans le groupe Bosch ainsi que dans la presse spécialisée ! Ce succès n’a pas été célébré comme il se devait ! Maintenant que la cessation est imminente, nous avons enfin compris votre absence de sincérité sur la poursuite de l’activité du moteur à Hydrogène car vous aviez déjà planifié la fermeture du centre d’essais.

La place de BOSCH est de rester présent au coeur de la transition énergétique ou les salariés du centre d’essais de Saint Ouen avaient toute leur place ! La municipalité de Saint-Ouen avait exprimé à de nombreuses reprises sa fierté d’accueillir depuis 1928 le siège de Bosch France sur ses terres. Avec une certaine longueur d’avance, la commune a déjà engagé la transition énergétique de la mobilité durable en accueillant en 2024 le pionnier renommé dans le domaine de la mobilité électrique : le siège social de Tesla France.

En 2017, la volonté du Groupe exprimée par son représentant France Benelux Heiko CARRIE :
« La construction du Campus s’inscrit dans notre stratégie, qui vise à développer les activités du groupe dans l’Hexagone en poursuivant sur la voie de l’excellence industrielle et de l’innovation ».

Nous avions la conviction de tracer une nouvelle voie en France avec l’arrivée de la motorisation Hydrogène et les retombées positives que cela impliquerait. Cette vitrine industrielle était alors parée pour le futur.
Malheureusement, cette histoire va prendre fin car vous avez décidé d’y mettre un terme. Dans deux semaines, l’activité cessera malgré l’acquisition continue des projets automobiles Français comme Renault / Horse. Ces projets nous garantissaient notre activité.

Quelle triste nouvelle ! Quel gâchis monstrueux !

Auprès autant d’investissement humain et financiers, nous ne comprenons pas pourquoi vous avez décidé de mettre fin à notre histoire commune !
Bosch a profité de l’événement CES 2024 à Las Vegas pour annoncer l’arrivée de son moteur à hydrogène. Pourquoi alors supprimer le premier banc moteur hydrogène de Bosch Paris ?
Les responsables de notre Division et de Robert BOSCH France se sont résignés depuis de nombreux mois à l’idée de fermer le centre d’essai de Saint-Ouen sans autre alternative que de pouvoir reclasser ou le cas échéant licencier les salariés.
En 6 mois, Nos appel de détresses n’ont pas été entendus.
Souvenons-nous de l’allocution de Kerstin Mai en 2023 : « La coopération doit être empreinte de franchise et de confiance réciproque et viser le bien des travailleurs et celui du groupe Bosch. »
Je constate finalement que notre coopération vise uniquement le bien du groupe Bosch au détriment de ses salariés que vous avez sacrifié.

Merci à tous pour votre attention.

 

Et pour terminer, voici la déclaration CFDT Bosch France au comité de groupe de novembre 2025 :

Je m’adresse à vous aujourd’hui pour évoquer une transformation majeure de notre paysage industriel : l’évolution rapide de la production dans les pays à bas coûts, parallèlement à la transition indispensable vers des énergies plus propres, notamment dans le secteur automobile. Dans ce contexte, il est important de rappeler la force historique du groupe Bosch, un groupe qui a bâti sa réussite sur l’innovation, la qualité et la diversité de ses sites, dont les sites français ont toujours été un maillon essentiel.
Certains pourraient être tentés de recentrer nos activités loin de nos implantations européennes. Ce serait, selon la CFDT, une erreur stratégique. Car c’est précisément la pluralité des cultures, des expertises et des visions notamment dans nos sites à coûts élevés qui a permis au groupe Bosch de rester pionnier. L’histoire de notre groupe démontre que la diversité des idées, nourrie par des sites aux identités fortes, est un moteur indispensable de créativité et d’innovation.
À l’inverse, parier sur un modèle où l’essentiel des développements se retrouve concentré dans quelques régions du monde, notamment en Asie, fait peser un risque majeur : celui de perdre la richesse d’expérience, de méthode et de savoir-faire qui fait l’ADN de Bosch.
La centralisation appauvrit. La diversité, elle, enrichit. Nos directeurs ou plutôt nos financiers se rendent-ils compte de cela ?

Cela dit, nous ne devons pas ignorer les impératifs économiques. Oui, la profitabilité est essentielle pour assurer la pérennité de nos activités. Mais cela ne peut se faire au prix d’un affaiblissement de nos sites historiques ni au détriment des femmes et des hommes qui les font vivre et cela devient une règle dans notre groupe.
Or, aujourd’hui, force est de constater que la diversité internationale mise en avant par le groupe est trop souvent guidée par un objectif de réduction des coûts plutôt que par une réelle ambition de collaboration mondiale. En parallèle, en Europe de l’Ouest et particulièrement en France, nous observons un démantèlement progressif des sites la preuve est le nombre de PSE engagés lors des 10 dernières années.
Les équipes se retrouvent seules, chargées de « se réinventer » sans réel soutien, avant qu’une fermeture ou une revente ne finisse trop souvent par sceller leur sort. Cela ne reflète ni nos valeurs, ni notre responsabilité sociétale une responsabilité que vous portez tout autant que nous.

Prenons le cas du site de Vénissieux, emblématique de la situation des sites français à plus petite échelle aujourd’hui et où l’expérience de cette stratégie mortifère qui de jours en jours détruit nos emplois.
Aujourd’hui, les salariés ont le sentiment d’être à bord d’un véhicule dont on aurait débranché les systèmes de sécurité :

  • La sécurité de l’emploi semble désactivée.
  • La direction stratégique ne répond plus : on ne sait plus où nous allons.

Le rapport du cabinet Syndex démontre que sans validation de l’Allemagne pour un projet qui occuperai les salariés, le site de Vénissieux RBFR mourra par une asphyxie programmée par nos décideurs. Pourtant de nos jours le site de Vénissieux est devenu la boite d’intérim de certaines divisions pour qui mes collègues s’investissent chaque jour pour sauver le collectif.

Et dans ces conditions, il est difficile de ne pas penser que nous roulons droit vers un accident annoncé. Pas par manque de compétence, pas par manque d’engagement mais parce que les dispositifs essentiels à notre survie collective semblent avoir été retirés pour satisfaire une vision financière qui dans le temps arrivera à ses limites car la réduction des effectifs pour répondre à cette variable d’ajustement ne tiendra pas dans le temps.
Les salariés français, qu’ils soient de Vénissieux, Rodez, Drancy, Mondeville, Moulins Grand St Ouen ou ailleurs dans toutes les entités ont pourtant tout donné pour ce groupe.
Nous vous demandons aujourd’hui de ne pas laisser ces valeurs s’effacer.
Nous vous demandons de préserver l’ingénierie, les compétences et l’identité des sites français. Car perdre cela, ce serait sacrifier une part essentielle de ce qu’est Bosch.
Et je terminerai sur une citation d’un jeune futur retraité du groupe :

 

Le salarié n’est pas un coût, c’est un atout !

Cette phrase peut sembler simple, mais elle résume une réalité fondamentale que le groupe Bosch finit parfois par oublier. Derrière chaque innovation, chaque progrès technologique, chaque gain de qualité ou de productivité, il y a des femmes et des hommes que nous sommes qui font vivre nos sites au quotidien et dont vous faites partie.

 

 

 

Vieillissement, inactivité et inquiétudes : quel avenir pour les salariés des sites industriels Bosch en France ?

Bosch déploie des moyens illimités pour limiter les effectifs !

Alors que Bosch Allemagne annonce une réduction drastique de ses effectifs avec 13 000 suppressions de postes et 2,5 milliards d’euros d’économies par an, les salariés français des sites industriels vivent une situation paradoxale : moins nombreux, plus âgés, et de plus en plus inquiets.

Le dernier rapport de politique sociale de Bosch France (RBFR) révèle une baisse historique de l’emploi en 2024, avec seulement 126 recrutements, soit le niveau le plus faible depuis 10 ans. En parallèle, le taux d’inactivité explose, atteignant 523 salariés inactifs, principalement en préretraite sur les sites de Rodez et Mondeville. Ces salariés, bien que toujours comptabilisés dans les effectifs, ne participent plus à l’activité industrielle.

La pyramide des âges est sans appel : plus de 28 % des salariés ont plus de 55 ans, et 75 % des effectifs de plus de 55 ans sont concentrés dans les usines. Le renouvellement générationnel est en panne, avec moins de 10 % de salariés de moins de 30 ans hors alternants.

Face à cette situation, les salariés actifs s’interrogent : Bosch investit massivement dans des dispositifs de départ, mais quelles sont les perspectives pour ceux qui restent ? L’entreprise semble consacrer des centaines de millions d’euros à la destruction de l’emploi, sans stratégie claire pour l’avenir industriel des sites français.

La CFDT alerte : le vieillissement des effectifs, l’absence de recrutement pérenne, et la montée des inquiétudes sur les sites encore actifs du périmètre RBFR doivent être pris au sérieux. Il est urgent que Bosch France engage un dialogue transparent sur ses intentions, et surtout, qu’elle investisse dans l’avenir de ses salariés et de ses sites.

 

Les corbeaux rejoignent la maison mère

Bosch, la soif d'exister

Bosch, La soif d'exister
Bosch, La soif d'exister

Bosch annonce 13 000 suppressions de postes en Allemagne : quel impact pour la France ?

Saint-Ouen, le 25 septembre 2025

Le groupe Bosch a annoncé ce jeudi une nouvelle vague de suppressions de postes massives en Allemagne : 13 000 emplois seront supprimés dans les prochaines années, principalement dans la région de Stuttgart. Les sites de FeuerbachSchwieberdingen et Waiblingen sont particulièrement touchés, avec notamment la fermeture complète de la production de ce dernier et la suppression de 3 500 postes à Feuerbach.

Cette décision s’inscrit dans un plan d’économies renforcé, motivé par :

  • Une conjoncture mondiale défavorable,
  • Des investissements lourds dans les nouvelles technologies,
  • Un démarrage de la mobilité électrique et de l’hydrogène qui n’ont pas fait leur preuves,
  • Une pression concurrentielle accrue, notamment en provenance de Chine.

Le directeur des ressources humaines de Bosch, Stefan Grosch, a déclaré : « Nous devons impérativement renforcer notre compétitivité dans le secteur de la mobilité et réduire durablement nos coûts. Pour cela, nous activons de nombreux leviers. Malheureusement, cela implique aussi une nouvelle réduction d’effectifs au-delà de ce qui avait déjà été annoncé . Cela nous fait beaucoup de peine, mais il n’y a malheureusement pas d’autre solution. ».

Les organisations syndicales avaient déjà alerté la direction à ce sujet, en soulignant la nécessité de soutenir l’emploi chez Bosch en France et d’anticiper les conséquences d’une stratégie industrielle qui mène aujourd’hui à un désastre mondial, tant sur le plan de l’emploi que sur le plan social.

La CFDT Bosch France tient à exprimer toute sa solidarité et son soutien aux salariés de Bosch Allemagne confrontés à une situation particulièrement difficile et douloureuse.

Les salariés de Bosch, qu’ils soient en France, en Allemagne ou ailleurs, forment une communauté de travail unie par des valeurs fortes : le respect, la compétence, l’engagement. Face à ce tsunami, nous devons plus que jamais faire preuve de solidarité transnationale, et porter ensemble la voix des travailleurs auprès de la direction du groupe.

Cette année, les corbeaux débarquent en France avec un peu d’avance

Démontage du bâtiment après le PSE,

Suite à notre article du 16 mai dernier intitulé « Des corbeaux noirs planent au-dessus des sites Bosch », nous devons aujourd’hui constater que ces sombres présages se concrétisent plus vite que prévu, notamment en France.

Après trois années de négociations intenses et plus de 50 réunions du CSE Central, la CFDT et l’ensemble des Organisations Syndicales représentatives sont parvenues à un accord relatif à la fermeture du site de Mondeville.

Cet accord, fruit d’un travail acharné et d’une vigilance constante, a été soumis à la consultation des salariés du site. Le résultat est à la fois clair et édifiant : 95,6 % des salariés ont validé l’accord, avec seulement 14 voix contre ! Une adhésion massive, qui montre à quel point les salariés ont été impliqués, informés et conscients des enjeux, tout en reconnaissant le travail syndical accompli.

« Même avec un accord, la fermeture reste une blessure. Mais nous avons assuré au maximum les garanties sociales, la requalification professionnelle et un accompagnement digne pour chaque salarié. »

La CFDT tient à saluer la responsabilité des salariés et leur lucidité face à une situation imposée par une stratégie de groupe qui sacrifie les sites historiques, compétents, mais jugés non rentables ou non stratégiques.

« Les corbeaux noirs ne sont plus à nos frontières : ils sont désormais sur nos toits. »

La CFDT poursuivra son engagement aux côtés des salariés pour garantir que chaque promesse prises dans cet accord soit tenues et que personne ne soit laissé pour compte. La commission de suivi permettra de régler les nombreuses situations individuelles qui se présenteront aux salariés.

Rodez : un nouveau coup dur à venir

À peine l’encre du stylo a-t-elle eu le temps de sécher sur l’accord du Plan Social de la fermeture du site de Mondeville que la direction Bosch convoque déjà les organisations syndicales début juin 2025 sur le site de Rodez. Un nouveau Plan Social est en préparation, visant une nouvelle réduction des effectifs. Ce plan viendrait se substituer à l’accord du 9 décembre 2021, pourtant présenté à l’époque comme un engagement de la direction pour protéger nos collègues de Rodez jusqu’en 2028.

Ce retournement brutal de la direction interroge une nouvelle fois sur la fiabilité de sa parole et sa stratégie à long terme. La CFDT exige des explications claires et appelle à une mobilisation forte pour défendre l’emploi et la dignité des salariés de Rodez.

Quelle est la place des sites industriels Bosch en France dans l’échiquier du groupe ?

Un message pour nos dirigeants :
La Cfdt demande à Messieurs Gahery, PDG Bosch France Bénélux et M. Piat, DRH Bosch France Bénélux d’apporter et de confirmer des réponses qui seront en accord avec les intentions portées lors de leur prises de postes à savoir : La défense de l’emploi sur les sites Bosch encore ouverts du groupe en France.

« Combien de sites devront encore tomber avant que Bosch n’assume ses responsabilités industrielles et sociales ? »

Les Hommes s’en vont (malgré eux), les sites se vident, les corbeaux nichent là où l’industrie rend l’âme.

Le corbeau surveille le bon déroulement du PSE

A qui le tour ?

Point de situation des sites Bosch en France

L’avenir industriel des sites Bosch en France reste incertain, et les inquiétudes des salariés grandissent face aux restructurations successives. La CFDT dénonce la fragilisation de plusieurs sites et appelle la direction à prendre des engagements clairs pour assurer leur pérennité. Il est essentiel de garantir des volumes de production et de nouvelles perspectives afin de maintenir l’emploi et les compétences sur chaque site.

Rodez

Bosch s’était engagé en 2021 à maintenir l’activité de Rodez avec un effectif réduit à 513 salariés, mais la nouvelle annonce d’une baisse à 350 ETP d’ici 2030 remet en cause cet engagement. La CFDT alerte sur le risque de disparition progressive du site et appelle la direction à garantir des volumes de production et à lever les freins à la compétitivité pour maintenir durablement l’activité.

Saint-Ouen – Drancy / Grand Paris

La fermeture définitive du centre d’essais le 30 septembre 2024 a conduit au reclassement interne de 5 salariés sur les 25 du département PS/ETW-Fr. Une commission de suivi continue d’accompagner les victimes du PSE qui n’ont pas retrouvé de poste. Par ailleurs, les locaux du So111 sont en cours de démolition pour accueillir de nouvelles installations en plus de la salle de sport (CSE, auditorium, cafétéria, locaux syndicaux et vestiaires). La question de l’espace disponible à Saint-Ouen pour accueillir les salariés de Drancy reste en suspens.

Vénissieux

Le site poursuit son activité avec des projets liés au diesel et une équipe dédiée à la recherche de nouvelles opportunités. Par ailleurs, plusieurs salariés ont été détachés sur d’autres sites : deux à Drancy et un à Moulins.

Mondeville

Les discussions sur le PSE lié à la fermeture du site se poursuivent avec la 9ᵉ réunion sur les 14 prévues. La fermeture de la partie production, initialement prévue pour juin 2026, pourrait être avancée à juin 2025, impactant l’ensemble des salariés.

Vente_exceptionnelle
mondeville_Bosch

Moulins

Les volumes de production sont maintenus pour l’instant. La CFDT espère une décision de la direction pour assurer l’avenir du site au-delà de 2026.

NAO (Négociations annuelles obligatoires)

Une revalorisation salariale globale de 2,3% a été proposée par la direction :
1,8% d’augmentation générale  et 0,5% d’augmentation individuelle
Prime de 600 € viendra compléter l’intéressement.

📢 AVIS DE LA CFDT : BOSCH FRANCE FACE À UN DÉFI MAJEUR !

L’Allemagne impose à Bosch France de rapatrier un maximum d’activités sur son territoire et vers les pays à bas coûts. 🚨

Comment Bosch France compte-t-elle faire pour relever ce défi ?
➡️ Moins d’emplois, mais plus d’attractivité ?
➡️ Réduction des effectifs, mais maintien des activités ?
➡️ Des directives à suivre, mais quel avenir pour nos sites et nos emplois ?

La CFDT exige des réponses claires et des garanties pour l’avenir des salariés. ✊

📣 Salariés de Bosch France, restons mobilisés pour défendre nos emplois et nos compétences !

 Vos élus CFDT vous proposent de participer à une étude confidentielle sur le stress en milieu professionnel : Cliquer sur le bouton pour participer. Cette étude est réservée aux salariés Bosch France.

Bye Bye Heiko

Contribution dialogue (ex GPD) par les OS

Mr Heiko Carrié, vous quitterez vos fonctions le 30 juin.
Tous les salariés exprimeront des regrets, mais certainement pas pour les mêmes raisons ! Alors posons ensemble l’impact de ce mandat d’une décennie :

Votre bilan :

De votre mandat, M. Carrié vous laisserez quelques traces visibles à Saint-Ouen :

  •  Un « Campus » flambant neuf, un beau restaurant d’entreprise où nous pouvons méditer sur notre avenir avec un café, en espérant qu’il ne soit pas aussi amer que la situation dans laquelle vous nous laissez.
  • Une salle de sport dernier cri ou les bancs moteurs ont laissé place aux bancs de musculation pour que nous puissions nous défouler après des journées de travail marquées par l’incertitude.

Les oubliés

Pendant ce temps, les autres sites de Bosch en France n’ont pas eu cette chance. À Vénissieux (votre premier PSE), Meyreuil, Freyming Merlebach, Rodez, Mondeville, Marignier et bien d’autres Vendôme, Elm Leblanc : Drancy, Saint-Thégonnec, Haguenau, La ferté Bernard, Cergy, Le bureau d’étude de Vénissieux, Rexroth….
L’avenir reste aussi incertain qu’un ciel orageux. Les suppressions d’emplois et les fermetures de sites semblent être les seules annonces qui percent le brouillard.

L’ambition 20-20 : un mirage jamais atteint

Sous votre direction, l’ambitieux objectif 20-20, censé transformer et revitaliser nos activités, n’a jamais été réalisé. Les promesses d’innovation et de croissance durable se sont évaporées, laissant place à des fermetures et des restructurations.
Si l’objectif de l’Allemagne était de réduire les effectifs, vous avez pleinement contribué sans sourciller à cet objectif et les organisations syndicales vous attribuent la note de 20 sur 20 !
Doit-on vraiment vous remercier pour la gestion foncière de nos activités ?
Alors, que reste-t-il à dire ? Les petits déjeuner « Hello Heiko » cèdent place à Bye Bye Heiko. Nous voulons maintenant de votre successeur une vision pour l’avenir de tous plutôt qu’une gestion des bâtiments et qu’il s’attaque aux vrais défis industriels et sociaux : garantir un avenir stable et prospère pour tous les salariés de Bosch en France ainsi que pour leurs familles.
Bilan de compétence
Vous êtes tout à fait prêt pour votre reconversion en agent immobilier au sein de l’équipe de Stéphane Plaza

Les OS de BOSCH en France

Marignier : 153 emplois supprimés

Situation du groupe Bosch en France au 16 mai 2024 :

Article publié dans le journal l’Humanité :

En Haute-Savoie, 153 salariés de l’usine de colonnes de direction assistée pour voitures électriques vont perdre leur emploi fin 2024. Une vague de suppressions de postes touche d’autres sites de l’équipementier.

Bosch a le souci de ses salariés. Vendredi 17 mai, la direction du site de Marignier a consenti un jour supplémentaire de repos aux 153 travailleurs de l’usine de Haute-Savoie. Il faut dire que deux jours auparavant, ceux-ci avaient reçu la visite exceptionnelle de Heiko Carrie. Le président France de la multinationale allemande leur avait alors annoncé la fermeture du site d’ici la fin de l’année. L’ambiance de travail s’était ensuite subitement détériorée.

Pas sûr cependant que ce week-end de quatre jours, lundi de Pentecôte compris, ait suffi à ranimer leur ardeur au travail. Depuis que les deux chaînes de fabrication de colonnes hydrauliques de direction assistée pour voitures thermiques ont été démontées il y a plusieurs mois, ce centre de production ne tourne que grâce aux deux chaînes de montage de direction assistée électrique.

Quant à l’activité Alpes Solutions Systèmes, imaginée il y a deux ans pour diversifier les clients et assurer l’avenir du site, elle n’occupe qu’une poignée de salariés au lieu de la quarantaine escomptée, du fait de commanditaires ayant eux-mêmes une santé chancelante.

Des délocalisations en Allemagne et en Hongrie ?

L’ambiance de travail dans cette usine centenaire a beau être décrite comme familiale, elle ne devrait pas revenir au beau fixe. Car voilà trois ans que l’avenir de l’usine s’inscrit en pointillé. Géraldine Roux, déléguée CGT, rappelle les derniers épisodes : « On s’est aperçu que Marignier n’apparaissait plus dans les chiffres du groupe. La direction nous a alors expliqué qu’il fallait que l’on trouve une activité. Une boîte de consultants, Roland Berger, devait nous aider. Elle avait déjà échoué pour l’usine de Rodez. Elle n’a pas fait mieux pour nous. Un repreneur a bien été évoqué l’an dernier. Le directeur nous l’a survendu à chaque CSE (comité social et économique). » Jusqu’à l’annonce de la fermeture.

La direction de l’équipementier objecte la révolution industrielle en cours dans l’automobile : « L’électrification croissante des systèmes de direction électriques a entraîné l’arrêt de la production de systèmes hydrauliques, qui n’a pas été compensée par une montée en puissance des commandes en systèmes électriques, les deux activités principales du site de Marignier. »

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Comment le constructeur chinois BYD compte rafler le marché européen avec ses voitures électriques low cost

Côté salariés, on subodore un départ de l’activité électrique vers la Hongrie ou l’Allemagne et une fermeture accélérée de l’usine haut-savoyarde dès novembre. Reste à savoir dans quel cadre légal : reclassements possibles, suppressions de postes ?

« Bosch est en train de décimer tous ses sites en France, alerte Christophe Arjona, coordinateur CFDT, lui-même touché par les suppressions d’emploi. À Marignier, ça va se faire en six mois. À Mondeville (400 salariés), ils cherchent des repreneurs. À Saint-Ouen, ils ferment le centre d’essai automobile. Il ne restera bientôt plus au siège que les activités tertiaires. À Rodez, l’arrêt du projet hydrogène Fresh2 remet en cause l’avenir du site après 2027 et celui du site de recherche de Vénissieux », se désole-t-il, soulignant que le groupe « n’investit plus en France et les activités partent vers l’Allemagne ou l’Europe de l’Est ».