Situation du groupe Bosch en France au 16 mai 2024 :
Article publié dans le journal l’Humanité :
En Haute-Savoie, 153 salariés de l’usine de colonnes de direction assistée pour voitures électriques vont perdre leur emploi fin 2024. Une vague de suppressions de postes touche d’autres sites de l’équipementier.
Publié le 20 mai 2024 Mis à jour le 20 mai 2024 à 19:09
Bosch a le souci de ses salariés. Vendredi 17 mai, la direction du site de Marignier a consenti un jour supplémentaire de repos aux 153 travailleurs de l’usine de Haute-Savoie. Il faut dire que deux jours auparavant, ceux-ci avaient reçu la visite exceptionnelle de Heiko Carrie. Le président France de la multinationale allemande leur avait alors annoncé la fermeture du site d’ici la fin de l’année. L’ambiance de travail s’était ensuite subitement détériorée.
Pas sûr cependant que ce week-end de quatre jours, lundi de Pentecôte compris, ait suffi à ranimer leur ardeur au travail. Depuis que les deux chaînes de fabrication de colonnes hydrauliques de direction assistée pour voitures thermiques ont été démontées il y a plusieurs mois, ce centre de production ne tourne que grâce aux deux chaînes de montage de direction assistée électrique.
Quant à l’activité Alpes Solutions Systèmes, imaginée il y a deux ans pour diversifier les clients et assurer l’avenir du site, elle n’occupe qu’une poignée de salariés au lieu de la quarantaine escomptée, du fait de commanditaires ayant eux-mêmes une santé chancelante.
Des délocalisations en Allemagne et en Hongrie ?
L’ambiance de travail dans cette usine centenaire a beau être décrite comme familiale, elle ne devrait pas revenir au beau fixe. Car voilà trois ans que l’avenir de l’usine s’inscrit en pointillé. Géraldine Roux, déléguée CGT, rappelle les derniers épisodes : « On s’est aperçu que Marignier n’apparaissait plus dans les chiffres du groupe. La direction nous a alors expliqué qu’il fallait que l’on trouve une activité. Une boîte de consultants, Roland Berger, devait nous aider. Elle avait déjà échoué pour l’usine de Rodez. Elle n’a pas fait mieux pour nous. Un repreneur a bien été évoqué l’an dernier. Le directeur nous l’a survendu à chaque CSE (comité social et économique). » Jusqu’à l’annonce de la fermeture.
La direction de l’équipementier objecte la révolution industrielle en cours dans l’automobile : « L’électrification croissante des systèmes de direction électriques a entraîné l’arrêt de la production de systèmes hydrauliques, qui n’a pas été compensée par une montée en puissance des commandes en systèmes électriques, les deux activités principales du site de Marignier. »
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Côté salariés, on subodore un départ de l’activité électrique vers la Hongrie ou l’Allemagne et une fermeture accélérée de l’usine haut-savoyarde dès novembre. Reste à savoir dans quel cadre légal : reclassements possibles, suppressions de postes ?
« Bosch est en train de décimer tous ses sites en France, alerte Christophe Arjona, coordinateur CFDT, lui-même touché par les suppressions d’emploi. À Marignier, ça va se faire en six mois. À Mondeville (400 salariés), ils cherchent des repreneurs. À Saint-Ouen, ils ferment le centre d’essai automobile. Il ne restera bientôt plus au siège que les activités tertiaires. À Rodez, l’arrêt du projet hydrogène Fresh2 remet en cause l’avenir du site après 2027 et celui du site de recherche de Vénissieux », se désole-t-il, soulignant que le groupe « n’investit plus en France et les activités partent vers l’Allemagne ou l’Europe de l’Est ».